Chapitre 5
Mardi 13 décembre 2013, le jour du concert de Christophe Maé.
Vous êtes tous les quatre prêts à partir, Anne-Sophie et Benoît, ma sœur Céline et toi. Vous avez prévu un départ relativement tôt car il y aura foule alors, pour vous faciliter la tâche, je vous ai préparé un sac à dos avec quatre généreux sandwichs jambon-crudités-emmental bien larges et bien garnis et quelques petites bouteilles d’eau. Depuis plusieurs mois, ma sœur et toi avez passé en boucle l’album du chanteur afin d’être comme qui dirait au taquet. Avant de me laisser avec les enfants, tu viens m’embrasser en me serrant fort dans tes bras et je te dis :
« Bon anniversaire mon amour.
- Merci mon Bélou, je t’aime…
- Je t’aime. »
On se regarde dans les yeux… Tu as les yeux fatigués et puis tu ne portes plus que tes lunettes depuis un bon moment. Je te demande avant de partir si ça va aller pour voir l’artiste, mais tu me rassures car comme vous serez devant, il n’y a pas de raison pour que vous n’en profitiez pas et puis tu sais que tu vas kiffer de toute façon alors. Je vous demande de faire attention et vous voilà partis pour ce concert qui sera mémorable.
Tout au long de la route, vous multipliez les photos et autres selfies pour garder ce qu’il faut de souvenirs. L’excitation de « le voir en vrai »comme on dit commence à monter. Vous patientez dans cette longue file d’attente où il fait quand même bien froid, puis les portes s’ouvrent et vous vous engouffrez dans cette immense salle de concert presque instantanément. L’ambiance de la salle fait place très vite à un étrange sentiment d’impatience très calme ET…
L’heure H arrive et vous êtes aux premières loges mais pas trop près pour profiter de l’artiste. L’ambiance est là et elle monte encore un peu lorsque quelques notes de musique se font entendre et que la salle s’obscurcit. Le rideau rouge et épais en velours se fend pour laisser apparaître un immense voile blanc encore terne puis ce dernier s’illumine soudain par un grand rond de lumière blanche venant de l’arrière scène et il laisse se dessiner très nettement l’ombre du chanteur.
On commence à entendre çà et là des « Ouuuaiis ! », « Chriistoopheee !!! », « Je t’aiiimee Christooophe !!! », « Allez vas-yyyyyy !!! » et….
Le drap blanc s’effrite puis tombe. Christophe est là sur scène avec son haut de forme et cette pause caractéristique. Tu me racontes le lendemain du concert que tes yeux se mettent à briller à ce moment-là. Tu fermes les paupières une micro-seconde pour les rouvrir et te rendre compte que c’est bien lui. Des pattes d’oie se dessinent à la commissure de tes yeux et ton visage s’éclaire d’un large sourire.
Presque comme un soulagement pour toi et un encouragement que tu souhaites lui adresser, tu joins les paumes de tes mains pour applaudir avec force mais aussi avec tout l’amour que tu as pour cet artiste. Pendant que tout le « Grand Hall » communie avec une immense salve d’encouragements communs, tu as presque le sentiment de lui dire dans un coin de ta tête pendant que tu applaudis :
« Je suis venue pour toi… »
Le silence se fait et les premières notes se font entendre avec la première chanson de son nouvel album Je veux du bonheur.