Le temps des secrets

Abel Bau

Un départ inattendu (1)

Chapitre 21

Vers le 20 juillet 2014…

Nous sommes à quelques jours de ton départ pour la rééducation. Bon an mal an, la vie s’organise à la maison. Même si j’ai été fortement bousculé avec ton absence qui se prolonge suite à l’arrivée de ta maladie, il a bien fallu se retrousser les manches pour affronter cette situation délicate et s’occuper de nos enfants qui demandent beaucoup d’attention. Ils sont d’ailleurs partis en vacances avec tes parents du côté de St Brieuc dans le Nord de la Bretagne. Cela me fait du bien de pouvoir souffler un peu.

Je me trouve cet après-midi à la maison après mon travail et je finis de préparer quelques affaires de toilette et vêtements pour toi lorsque le portable émet une sonnerie de notification :

Bonjour Abel,

C’est Michael…

Un mot pour te dire que Patricia nous a quittés hier. Comme tu le sais, nous avions quitté le CHU pour qu’elle puisse démarrer un autre traitement mais malheureusement, nous n’avons pas eu le temps.

Je te tiens au courant de la suite pour les obsèques. Bisous à vous et à Edwige…

Abasourdi par cette mauvaise nouvelle inattendue, en quelques secondes je reprends mes esprits car une chose évidente se présente à moi. Je contacte donc Michael et je lui demande l’autorisation de ne pas te parler du décès de Patricia.

Oui, je peux te l’avouer maintenant, je t’ai menti, car étant donné que tu viens d’être opérée il y a seulement quelques jours, j’estime que tu dois être préservée psychologiquement. Ton esprit est tellement torturé depuis bientôt trois mois que je ne veux pas en rajouter une couche. On ne sait pas à quel degré tu risques d’être invalide et tu me demandes régulièrement des nouvelles de Patricia.

À partir de ce moment-là, chaque fois que j’aurai des nouvelles de Michael, je te dirai le cœur serré :

« Hey !… Tu as le bonjour de Michael et Patricia ! »…

Quelques jours plus tard, je suis informé de l’organisation des obsèques en Charente-Maritime d’une femme qui a vaillamment lutté pour survivre. Les circonstances trop fragiles de ton état m’imposent de ne pas m’éloigner et je choisis (à regret) de ne pas y assister.

Je prends le temps de l’appeler pour lui présenter toutes mes condoléances et lui apporter mon soutien.