Le temps des secrets

Abel Bau

Une soudaine dégradation

Chapitre 23

Mercredi 13 août 2014.

Sonnerie de téléphone…, je décroche :

« Allô ?

- Oui, bonjour Monsieur Bau. C’est le service de soins intensifs de neurochirurgie. J’appelle pour vous informer que votre femme vient d’être admise dans notre unité.

- Ah bon, mais pourquoi ?

- Elle a eu ce qui s’apparente à un fort état de faiblesse mais je n’en sais pas plus. Le responsable du service vous attend de toute façon pour vous en parler.

- Merci madame. J’arrive tout de suite ».

Un trajet très long s’en est suivi avec beaucoup de questions sans réponse :

Que s’est-il passé ?…, Que va-t-il arriver ?…, Pourquoi nous ?… :

« Bonjour Monsieur, je suis son mari. Qu’est- ce qu’il s’est passé ?

- Bonjour Monsieur Bau. On ne sait pas bien encore car pour vous dire vrai, elle nous est tombée dessus comme ça sans qu’on s’y attende. Nous l’avons envoyée passer un scanner pour tenter de comprendre et elle est revenue il y a tout juste trois minutes. On va étudier les images et vous pouvez patienter là en attendant.

- Je peux la voir ?

- Attendez avant que l’on sache ce qu’il s’est passé. Mettez-vous en salle d’attente et je viendrai vous chercher.

- D’accord », je réponds résigné

Sans plus attendre, je préviens tes parents en leur donnant le peu d’informations dont je dispose et je leur explique qu’il n’est pas nécessaire de venir tout de suite.

Quelques minutes plus tard, le responsable revient vers moi et tout en s’asseyant à mes côtés comme si nous nous connaissions depuis longtemps, débute par :

« Comme je vous l’ai dit tout à l’heure, on ne s’y attendait pas. On ne sait pas ce qu’il va se passer dans les prochaines quarante-huit heures.

- Qu’est-ce que le scanner a donné ?

- Il y a eu un micro-saignement dans la zone opérée ce qui a très probablement affecté la « transmission » de certaines informations. Il se peut que le saignement ne soit que très bref et que cela se résorbe très rapidement ou alors que nous ayons l’effet inverse ».

Après avoir encaissé cet uppercut, je sais que je dois rester solide :

« Est-ce que je peux la voir ?

- Oui bien sûr. Par contre, je vous accompagne car…, elle ne parle plus ».

Mon sang se glace :

« Comment ça ?

- Elle ne peut plus faire aucun mouvement, elle ne parle plus et on ne sait pas si elle nous entend.

- Moi qui pensait qu’on avait fait le plus dur. Allons-y docteur ».

Nous pénétrons dans ce que l’on appelle un box car c’est bien plus petit qu’une chambre mais suffisamment grand pour circuler autour du lit. Comme la première fois où je t’ai vue dans cette pièce après ton opération, tu es branchée à beaucoup d’écrans et plusieurs perfusions ont envahi tes bras :

« Bonjour mon amour. C’est moi, ton mari ».

Bip…………Bip…………Bip…………

Je glisse ma main dans la tienne :

« Je suis là. Est-ce que tu m’entends ? »

Bip……Bip……Bip……Bip……

L’accélération de l’électrocardiogramme restera ta seule réponse…